Le meilleur outil pour mesurer l’intensité de l’entraînement... C’est votre propre corps et votre ressenti !

Le meilleur outil pour mesurer l’intensité de l’entraînement... C’est votre propre corps et votre ressenti !

Retour d'expérience après les championnats du monde triathlon Ironman 2022 à Kona, Hawaii Reading Le meilleur outil pour mesurer l’intensité de l’entraînement... C’est votre propre corps et votre ressenti ! 6 minutes Next Podcast Le Tri Chaud - Ep. 7 - "L'évolution du Triathlon dans les yeux d' Hélène Watson"

Triathlètes, traileurs, le meilleur outil pour mesurer l’intensité de l’entraînement... C’est votre propre corps et votre ressenti !

Ces vingt dernières années, la technologie s’est largement démocratisée dans l’entraînement quotidien des athlètes élites mais également des amateurs. Du capteur de fréquence cardiaque au capteur de puissance en vélo en passant bien évidemment par le dernier outil à la mode : le lecteur de lactate qui permet de déterminer le taux de lactate dans le sang à un moment, tout nouveau gadget technologique est perçu comme un petit bijou dont l’on ne saurait se passer pour performer à son maximum.
Le but de cet article est de proposer une approche alternative qui va à l’encontre de la mode du moment où l’entraînement est principalement basé sur des tests réalisés avec des outils technologiques. Cette méthode présente l’avantage d’être accessible à tous peu importe le budget, le niveau ou l’investissement personnel dans la pratique : la méthode d’entraînement selon le ressenti de l’effort.

Avant de proposer une méthodologie concrète, voici plusieurs arguments qui poussent à penser que l’entraînement à l’aide d’outils technologique n’est pas viable chez la plupart des athlètes.

  • Les outils technologiques, une fiabilité remise en question


Sur le capteur de puissance, tout d’abord les mesures varient largement d’un capteur à un autre ce qui peut compliquer l’analyse des données. Ensuite, quid de la calibration qui peut aussi faire varier les données d’un même capteur si elle n’est pas réalisée correctement. Je n’aborde même pas les dysfonctionnement ou problèmes de connexions qui peuvent arriver en particulier lors d’une course ! Combien de fois j’ai entendu des athlètes dire après une course « mon capteur de puissance ne fonctionnait plus, j’ai roulé aux sensations donc j’ai raté ma course... »
Le capteur de fréquence cardiaque n’est pas non plus un outil sans faille : si les ceintures abdominales peuvent donner des données relativement stables, les données issues d’un capteur optiques sont très imprécises et ne permettent pas d’en tirer des données fiables.
Enfin s’agissant du capteur de lactatémie, le geste à effectuer pour la prise d’une goutte de sang entraîne souvent des erreurs de lecture de l’appareil, de l’aveu même des chercheurs et entraîneurs qui l’utilise.

  • Les outils sont aveugles

Si les outils technologiques permettent d’amasser tout un ensemble de données physiologiques et physiques sur l’entrainement, ils ne connaissent pas votre état de fatigue physique et mentale à l’instant t. A quoi bon baser toute une méthodologie d’entrainement sur un test réalisé dans des conditions particulières, un certain jour où vous étiez dans un état de forme x ou y ? Cela n’a aucun sens dans la mesure où la plupart des triathlètes vont avoir une fatigue qui fluctue en fonction de la charge externe à l’entrainement liée au stress du quotidien (charge de travail, qualité du sommeil et de la nutrition, tracas de la vie quotidienne,...). Ainsi, baser les zones d’intensité sur un test réalisé dans des conditions optimales (en forme, pas de fatigue, pas de stress le jour j), est un non-sens car les intensités visées seront impossible à tenir un jour où l’athlète a une grosse journée de travail stressante.

  • Les données chiffrées peuvent être un frein à la performance


Si les capteurs de puissances peuvent permettre à certains athlètes qui ont du mal à ressentir l’intensité de l’effort de fournir une fourchette de puissance, ils sont aussi un facteur limitant pour d’autres. Je recommande donc de ne pas afficher les données de puissance en course (il est possible de tout de même les enregistrer pour les voir après course) afin de ne pas se limiter et se dire « à cette puissance-là, je vais exploser, je dois ralentir ! ».

Il existe selon ma propre expérience en tant qu’athlète ayant expérimenté différentes méthodes d’entraînement une solution à l’ensemble des problèmes qui j’ai explicité ci-dessus. Il s’agit de l’entrainement basé sur le ressenti d’effort. Je m’inspire ici de la méthodologie proposée par TriSutto basée sur 4 niveaux d’intensité : facile, modéré, soutenu et maximale.

Facile est une intensité de base qui ne requiert presque aucun effort. A cette allure, il est possible de tenir une conversation sans être essoufflé. (ressenti 1-3/10)

Modéré correspond à une allure où l’on commence à s’investir. L’allure modérée est soutenable longtemps, sur plusieurs heures (allure ironman, ressenti 3-5/10).

Soutenu correspond à une allure qui demande un effort certain. L’effort est inconfortable mais est tenable un certain temps (allure half-ironman). (ressenti 6-8/10)

Maximal correspond simplement à un effort maximal pour la période d’effort donnée (allure distance olympique pour un athlète entraîné ou distance S pour un athlète moins aguerri, ressenti 9-10/10).

Il existe deux avantages principaux de la méthode construite autour des 4 intensités présentées ci-dessus :

• Elle permet de travailler à différentes intensités qui vont varier et s’adapter à la forme du jour : Si vous êtes fatigué, votre soutenu pourrait être votre modéré. Si vous êtes en forme, votre modéré pourrait être votre soutenu. La méthode de TriSutto permet donc d’évacuer tout stress pour un athlète vis-à-vis de ses watts ou de son allure. Ce qui compte c’est l’effort ressenti.
• Elle apprend à l’athlète à ressentir l’effort produit par son corps sur une certaine durée et être ainsi en capacité de savoir ce qui est tenable et ce qui ne l’est pas sur les différentes distances.

Enfin, elle ne demande aucun matériel et peut-être réalisée par n’importe quelle personne qui dispose du matériel de base pour chaque sport.

Cette méthode a déjà fait ses preuves et produit des résultats dans les plus grandes compétitions internationales. Ainsi, Nicola Spirig, championne olympique et Daniela Ryf multiple championne du monde IRONMAN s’entraînent toutes les deux en suivant cette méthodologie.

Si vous avez des questions ou souhaiter avoir des précisions sur l’utilisation de cette méthodologie, n’hésitez pas à me contacter sur instagram @remi.tri_ ou par mail remi.ardiet@gmail.com

Remi Ardiet | Ambassadeur Kiwami Racing Team | Triathlon