ultra-tour-beaufortin-kiwami

Compte rendu de course: l’ultra tour du Beaufortain

57,8 km d’insouciance : l’ultra tour du Beaufortain

« La vie c’est ce qui arrive pendant que vous prévoyez autre chose. »

J’aime beaucoup cette citation de M. Saunders qui reflète bien mes dernières années triathlétiques. Des petits bonheurs et de grosses galères, des déceptions subies et d’imprévus. J’ai toujours considéré le tri et le sport en général comme une passion mais j’ai aussi toujours refusé qu’elle envahisse ma vie et qu’elle se fasse au détriment de tout. Le sport, même de compétition, est un réel plaisir pour moi. Et c’est aussi la raison pour laquelle ces deux dernières années, j’ai attendu que les orages passent et se succèdent un peu comme on s‘abrite en montagne, ou lorsque qu’on renonce à certains sommets plutôt que d’y risquer sa vie. Ces deux dernières années ma vie sportive m’a souvent fait penser à ces cols semblant parfois long et infranchissables, pleins de rebondissement mais dans lesquels mon caractère et mon abnégation ont bel et bien trouvé leur place. Finalement, une épreuve sportive, c’est un peu à l’image de tout cela en quelques heures ! C’est un peu dans ce contexte que j’ai décidé l’été dernier et sur un coup de tête de participer à l’UTB, l’Ultra Tour du Beaufortain le 21 Juillet. Ce petit paradis est niché entre les massifs du Mont blanc et de la Vanoise. Au programme de l’épreuve 105 km de course à parcourir seul(e) ou en  en relais. L’envie de me lancer dans d’autres épreuves sportives, différentes de ce que je fais habituellement, m’est venue en 2017 quand j’encourageais ma sœur sur l’épreuve solitaire. Sauf que pour moi, j’ai opté pour l’option relais car je ne comptais pas passer le printemps à me préparer pour un trail ! Je n‘imaginais pas à ce moment que les mois qui allaient suivre ce nouveau petit défi allaient être remplis de surprises. Après plusieurs mois sans activité physique, le réel entrainement a pu reprendre en Février: Comme le disait Einstein « la vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre ». J’ai donc recommencé à m’inscrire sur des petites courses pour le fun, sans aucune préparation et finalement, je n’ai jamais eu autant de plaisir que celui de recourir en compet. La forme est aussi est revenue, notamment après une belle semaine d’entrainement en Espagne. L’UTB approchait à grand pas et même trop vite. Sans m’en rendre compte,  il me restait un petit mois…un petit mois durant lequel j’ai enchaîné deux cyclos, un tri et une semaine dans les Alpes, histoire d’apprendre à courir avec des bâtons et à se coincer les chevilles dans la caillasse ! Trois podiums plus tard (ce qui m’a redonné un peu de confiance) me voilà au pied du Beaufortin. Alors que tous les voyants étaient au vert, la malchance a refait surface avec une bronchite carabinée. La veille du départ, les conditions météos sont apocalyptiques ; alerte orange et orages prévus. Au vu des dernières éditions, l’organisation ne veut pas prendre de risque et la seconde partie du parcours est totalement changée.

Je suis partagée entre l’euphorie et l’inconnu

Je me rends compte en préparant toutes mes petites affaires (finalement, il y a presque autant de bazar qu’en triathlon !) que je n’ai jamais couru plus de 30km (encore moins en montagne) et que je ne suis pas dans les meilleures conditions. En même temps tout cela me donne encore plus envie d’y aller pour voir !

4h du matin, mon binôme prend le départ dans la nuit noire avec une première partie plutôt exigeante. Après plusieurs heures d’impatience sa silhouette apparaît vers 11h30 à 2000m d’altitude dans un décor de rêve et sans la pluie annoncée ! Petit soulagement au passage, car même s’il est complètement vidé, je me dis qu’il a survécu à ces premiers 47km. Il me bredouille deux trois mots que je comprends à peine mais trop impatiente de partir, je m’élance déjà à travers les singles de myrtilles ! La course démarre tout doucement même si à 2000 mètres d’altitude, on ne court pas comme à Strasbourg. Je suis tellement contente d’être là à gambader au milieu de ces montagnes que j’aime depuis tant d’années, que je ne me rends pas compte des kilomètres qui passent. Les check points et ravitos se succèdent, j’y retrouve mes proches et les bénévoles qui sont au petit soin pour les coureurs. Je ne me sens pas comme dans une course classique avec pour objectif d’arriver devant et devant les autres ! Le classement importe peu même si nous terminerons 10ème relais dans un contexte plutôt relevé. Je vis tout cela différemment de d’habitude, comme une course contre moi-même. A Arêches, je retrouve à nouveau mon entourage et j’arrive à m’arrêter plus de 3 minutes pour me changer totalement, chaussures, chaussettes et tenue (même si au passage l’Equilibrium TR de Kiwami est top à tout point de vue !).

La partie la plus difficile s’annonce avec le col de la Legette et ses 1000 mètres de dénivelé, une belle montée en deux parties qui se fait sous un soleil piquant. C’est là que le mental prend encore plus le dessus sur le reste. Cela ressemble à une longue rando du dimanche (un peu comme celle que l’on faisait petits) mais avec des jambes déjà bien entamées et durant laquelle le risque est de s’endormir. Je me force donc toujours à alterner la course et la marche (merci Stéphane !) pour garder le rythme mais c’est dur ! Je me ravitaille toutes les 45 min et malgré un cassage de bâton dans la descente, je finis par en entrevoir la fin. Là je me dis que la course peut s’arrêter, c’était ce que j’avais plus ou moins prévu. En effet je n’avais pas envie de compromettre mes prochains objectifs car après une telle épreuve sans préparation, je me disais que les dégâts musculaires allaient me clouer plusieurs semaines, surtout que le plus difficile arrive à la fin. 1000m de bonheur (ou pas) à descendre pour une arrivée sur Qeuije. Après le ravito je décide quand même de repartir pour la dernière montée vers Bisanne puis la Croix Coste. Je me dis que la montée, je peux encore la faire, il faut juste courir doucement et ça je peux encore le faire.  Je me dis surtout qu’ensuite c’est terminé pour de vrai et qu’ils seront tous là à m’attendre. Mais nouveau rebondissement et premier grand moment de solitude lorsque à part des moutons je ne vois personne au fameux point. Je vais devoir descendre avec mes coups de couteaux dans les jambes et en même temps que je me mets à marcher sous la petite pluie fine qui s’est invitée dans cette forêt un peu sombre où je suis seule et dans un état secondaire, la satisfaction de me dire que je vais terminer me pousse à avancer encore plus. Je crois que le calvaire dans les racines et les cailloux a duré 2H. Mais quand je franchis la ligne d’arrivée il fait encore bien jour et c’est un moment vraiment magique et propre à tout ce que les émotions du sport peuvent nous faire vivre.

57,8 km d’insouciance : l’ultra tour du Beaufortain

« La vie c’est ce qui arrive pendant que vous prévoyez autre chose. »

J’aime beaucoup cette citation de M. Saunders qui reflète bien mes dernières années triathlétiques. Des petits bonheurs et de grosses galères, des déceptions subies et d’imprévus. J’ai toujours considéré le tri et le sport en général comme une passion mais j’ai aussi toujours refusé qu’elle envahisse ma vie et qu’elle se fasse au détriment de tout. Le sport, même de compétition, est un réel plaisir pour moi. Et c’est aussi la raison pour laquelle ces deux dernières années, j’ai attendu que les orages passent et se succèdent un peu comme on s‘abrite en montagne, ou lorsque qu’on renonce à certains sommets plutôt que d’y risquer sa vie. Ces deux dernières années ma vie sportive m’a souvent fait penser à ces cols semblant parfois long et infranchissables, pleins de rebondissement mais dans lesquels mon caractère et mon abnégation ont bel et bien trouvé leur place. Finalement, une épreuve sportive, c’est un peu à l’image de tout cela en quelques heures ! C’est un peu dans ce contexte que j’ai décidé l’été dernier et sur un coup de tête de participer à l’UTB, l’Ultra Tour du Beaufortain le 21 Juillet. Ce petit paradis est niché entre les massifs du Mont blanc et de la Vanoise. Au programme de l’épreuve 105 km de course à parcourir seul(e) ou en  en relais. L’envie de me lancer dans d’autres épreuves sportives, différentes de ce que je fais habituellement, m’est venue en 2017 quand j’encourageais ma sœur sur l’épreuve solitaire. Sauf que pour moi, j’ai opté pour l’option relais car je ne comptais pas passer le printemps à me préparer pour un trail ! Je n‘imaginais pas à ce moment que les mois qui allaient suivre ce nouveau petit défi allaient être remplis de surprises. Après plusieurs mois sans activité physique, le réel entrainement a pu reprendre en Février: Comme le disait Einstein « la vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre ». J’ai donc recommencé à m’inscrire sur des petites courses pour le fun, sans aucune préparation et finalement, je n’ai jamais eu autant de plaisir que celui de recourir en compet. La forme est aussi est revenue, notamment après une belle semaine d’entrainement en Espagne. L’UTB approchait à grand pas et même trop vite. Sans m’en rendre compte,  il me restait un petit mois…un petit mois durant lequel j’ai enchaîné deux cyclos, un tri et une semaine dans les Alpes, histoire d’apprendre à courir avec des bâtons et à se coincer les chevilles dans la caillasse ! Trois podiums plus tard (ce qui m’a redonné un peu de confiance) me voilà au pied du Beaufortin. Alors que tous les voyants étaient au vert, la malchance a refait surface avec une bronchite carabinée. La veille du départ, les conditions météos sont apocalyptiques ; alerte orange et orages prévus. Au vu des dernières éditions, l’organisation ne veut pas prendre de risque et la seconde partie du parcours est totalement changée.

Je suis partagée entre l’euphorie et l’inconnu

Je me rends compte en préparant toutes mes petites affaires (finalement, il y a presque autant de bazar qu’en triathlon !) que je n’ai jamais couru plus de 30km (encore moins en montagne) et que je ne suis pas dans les meilleures conditions. En même temps tout cela me donne encore plus envie d’y aller pour voir !

4h du matin, mon binôme prend le départ dans la nuit noire avec une première partie plutôt exigeante. Après plusieurs heures d’impatience sa silhouette apparaît vers 11h30 à 2000m d’altitude dans un décor de rêve et sans la pluie annoncée ! Petit soulagement au passage, car même s’il est complètement vidé, je me dis qu’il a survécu à ces premiers 47km. Il me bredouille deux trois mots que je comprends à peine mais trop impatiente de partir, je m’élance déjà à travers les singles de myrtilles ! La course démarre tout doucement même si à 2000 mètres d’altitude, on ne court pas comme à Strasbourg. Je suis tellement contente d’être là à gambader au milieu de ces montagnes que j’aime depuis tant d’années, que je ne me rends pas compte des kilomètres qui passent. Les check points et ravitos se succèdent, j’y retrouve mes proches et les bénévoles qui sont au petit soin pour les coureurs. Je ne me sens pas comme dans une course classique avec pour objectif d’arriver devant et devant les autres ! Le classement importe peu même si nous terminerons 10ème relais dans un contexte plutôt relevé. Je vis tout cela différemment de d’habitude, comme une course contre moi-même. A Arêches, je retrouve à nouveau mon entourage et j’arrive à m’arrêter plus de 3 minutes pour me changer totalement, chaussures, chaussettes et tenue (même si au passage l’Equilibrium TR de Kiwami est top à tout point de vue !).

La partie la plus difficile s’annonce avec le col de la Legette et ses 1000 mètres de dénivelé, une belle montée en deux parties qui se fait sous un soleil piquant. C’est là que le mental prend encore plus le dessus sur le reste. Cela ressemble à une longue rando du dimanche (un peu comme celle que l’on faisait petits) mais avec des jambes déjà bien entamées et durant laquelle le risque est de s’endormir. Je me force donc toujours à alterner la course et la marche (merci Stéphane !) pour garder le rythme mais c’est dur ! Je me ravitaille toutes les 45 min et malgré un cassage de bâton dans la descente, je finis par en entrevoir la fin. Là je me dis que la course peut s’arrêter, c’était ce que j’avais plus ou moins prévu. En effet je n’avais pas envie de compromettre mes prochains objectifs car après une telle épreuve sans préparation, je me disais que les dégâts musculaires allaient me clouer plusieurs semaines, surtout que le plus difficile arrive à la fin. 1000m de bonheur (ou pas) à descendre pour une arrivée sur Qeuije. Après le ravito je décide quand même de repartir pour la dernière montée vers Bisanne puis la Croix Coste. Je me dis que la montée, je peux encore la faire, il faut juste courir doucement et ça je peux encore le faire.  Je me dis surtout qu’ensuite c’est terminé pour de vrai et qu’ils seront tous là à m’attendre. Mais nouveau rebondissement et premier grand moment de solitude lorsque à part des moutons je ne vois personne au fameux point. Je vais devoir descendre avec mes coups de couteaux dans les jambes et en même temps que je me mets à marcher sous la petite pluie fine qui s’est invitée dans cette forêt un peu sombre où je suis seule et dans un état secondaire, la satisfaction de me dire que je vais terminer me pousse à avancer encore plus. Je crois que le calvaire dans les racines et les cailloux a duré 2H. Mais quand je franchis la ligne d’arrivée il fait encore bien jour et c’est un moment vraiment magique et propre à tout ce que les émotions du sport peuvent nous faire vivre.