Triathlon International de Deauville : compte-rendu de course 2019

Triathlon International de Deauville : compte-rendu de course 2019

Trifonction enfant, comment bien la choisir ? Du liest Triathlon International de Deauville : compte-rendu de course 2019 14 Minuten Weiter Triathlon de Marseille

Compte rendu de course de William Mennesson Triathlète et ambassadeur Kiwami

A j-3 de l’évènement tous les signaux sont au vert pour effectuer une bonne course, et toutes les séances que je voulais effectuer ont été réussies, première fois que ça m’arrive.
Les conditions météos s’annoncent parfaites, Chaud, soleil, pas trop de vent, un vrai temps Normand !
J’ai la chance de pouvoir tester en avant-première la toute nouvelle combinaison néoprène de Kiwami, la SWIFT. Un petit bijou de R&D, ayant nécessité 3 ans de travail avant de voir le jour. Essayage la veille sur le stand pour la première fois. Pas la peine d’aller dans l’eau c’est une vraie seconde peau, je sais en quelques secondes que je serai bien dans l’eau, et j’ai hâte d’être au départ le lendemain pour vérifier cette première impression.

Jour J.

Arrivée dans le parc 1h avant la course, quelques bonjours, je prépare mes affaires, et là, petite surprise… Arnaud Guilloux – Triathlète vient poser son vélo. J’avais étudié la start-list, identifié les principaux concurrents, et comme d’habitude, réfléchi à multiples schémas de courses et scénarios, afin d’essayer d’adopter la meilleure stratégie possible selon le déroulement de la course. A aucun moment Arnaud n’était prévu dans un de mes scénarios. Arnaud c’est le vainqueur sortant, 5ème au Ironman 70.3 d’Aix en Provence il y a un mois. Il devient alors l’homme à battre du jour, ou tout du moins celui vers qui je veux essayer de me rapprocher. Il est selon moi le grand favori et celui qui m’avait battu il y a un an. Toute ma petite réflexion des jours précédents n’aura au final servie à rien et il va falloir aviser en temps réel pour essayer d’être le plus intelligent possible et ne pas reproduire les erreurs de l’an passé.
Arnaud étant surement le meilleur nageur, rouleur, et coureur du jour, l’objectif sera simple. Faire mieux que l’an passé et essayer de se rapprocher de lui au maximum.
L’année dernière j’avais perdu 1’30 en natation, près de 6’ à vélo, et j’avais réussi à ne rien perdre à pied… mais il avait géré la partie pédestre vue l’avance qu’il avait. Cette année je sais qu’il est au moins aussi fort en natation et vélo, avec un petit bémol à pied ou il se remet tranquillement d’une chute à vélo qui l’a empêché de courir ces 4 dernières semaines. Mais même un Arnaud blessé, c’est un Arnaud qui va vite !

Départ de la course 14H.
Une ambiance de folie sur le départ animé comme chaque année par Stéphane Garcia.
Pouêeeet ! Top départ. La meute est lâchée.
Je n’effectue pas un très bon départ et comme chaque année à Deauville je rentre dans l’eau avec une bonne dizaine d’athlètes devant moi. De vrais fous furieux au départ !
Deux boucles de 950m, avec un court passage sur la plage pour le spectacle. Comme l’année dernière la mer est difficile, agitée par le vent avec une bonne houle, rendant la technique de nage et l’orientation compliquée. Je pars fort mais j’essaye de me dire, 90% du max, sachant que lorsque je pense 90% max sur un départ de course ça veut surement dire que je suis à 98% en réalité. Ca remue un peu dans l’eau. La première bouée arrive vite, je vois alors Arnaud juste devant moi, à une vingtaine de mètres et un autre bonnet rouge devant. Je passe la bouée en 3ème position, continue en chasse patate derrière Arnaud jusque-là bouée suivante, à une vingtaine de mètres derrière. Je suis étonné de réussir à tenir sans perdre de terrain alors que l’an passé j’avais directement pris un éclat. Je ne bénéficie d’aucune aspiration étant trop loin de lui donc c’est vraiment que j’arrive à suivre son allure. Le retour vers la plage s’effectue vent et vague de dos, l’occasion de prendre de gros surf. En quelques coups de bras sur de bonnes vagues j’arrive à boucher les vingt mètres qui me séparent d’Arnaud et je rentre dans ces pieds. Merci ma Kiwami Swift !! La glisse est incroyable. L’impression de nager sans combinaison mais avec un petit coussin d’air sous le ventre qui aide à flotter. Je reste sagement dans les pieds de mon poisson pilote jusqu’à la plage, petite accélération, je sors de l’eau juste devant lui, en 2nde position. C’est reparti pour un tour. J’effectue un bout devant, puis Arnaud reprend les commandes ce qui me va très bien.
Sur le deuxième retour, ayant été très facile en surf, je décide de sortir des pieds d’Arnaud pour le dépasser par la droite, et sortir avec une dizaine de secondes d’avance. Je prends des bons surfs, mais avec le soleil dans le nez je m’oriente mal et fais de la route en plus. Dans le même temps Arnaud qui lui va en ligne droite a décidé d’accélérer (mais je ne le sais pas). Je sors finalement avec 25 secondes de retard sur Arnaud. A ce moment-là je me dis « Oh le con !! ». J’ai peut-être tout fait foirer par excès de confiance. J’aurai mieux fait de rester dans ces pieds et sortir de l’eau en même temps que lui. Pour gagner 10, j’ai perdu 25. Il va falloir être très bon en transition et sur le début du vélo, car lorsqu’on donne 20 secondes d’avance à Arnaud sur un vélo, généralement on ne les revoit pas.

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Pas de concurrents directs juste derrière mais je me doute que Vincent Morizot Triathlète et Frédéric Limousin tous les 2 très costauds à vélo et bons nageurs ne doivent pas être très loin derrière.
J’arrive à reprendre 5 petites secondes à la transition et je sors du parc 2ème, Arnaud premier. Nous avons doublé le nageur qui était en tête durant la transition.
Un seul objectif, combler ces 20 secondes qui nous séparent. Je sais que quelques secondes peuvent vite devenir quelques minutes. J’en ai fait l’expérience l’année dernière à Deauville mais aussi à Saint Lunaire. J’essaye de rentrer sur Arnaud le plus vite possible, je reprends un peu de temps dans la côte de Saint Laurent et le faux plat montant qui suit pour me rapprocher à 10 secondes… 10 petites secondes que je n’arriverai pas à boucler.
Ou plutôt que je refuserai de boucler, par peur d’exploser, j’essaye de suivre, de loin (très loin), sans pour autant me brûler les ailes, et me mettre dans le rouge, car c’est un jeu ou pour gagner peu on peut perdre beaucoup. J’ai de bonnes sensations sur le vélo, et je suis persuadé que je vais finir par revenir, mais le temps passe… et les secondes qui nous séparent augmentent. L’écart fera le yo-yo entre 25 et 35 secondes pendant les 30 premiers kilomètres, puis je gère très mal la descente « Paris – Roubaix » du parcours, et la montée qui suit. Difficile de se mettre dans le rythme sur cette bosse et l’écart grandit d’un seul coup à 45 secondes. Tant que j’arrivais à avoir Arnaud régulièrement en visuel j’arrivais à m’accrocher, avec 45 secondes d’avance je ne le vois plus très souvent et ça devient compliqué.
Je termine le premier tour en un peu moins de 1h05 pour 320W AP de moyenne. Je suis dans ce que j’espérais et sur les bases du record du parcours établi par Arnaud l’année dernière… Mais il a tout de même roulé 20 secondes vite que moi. Je m’estime très heureux de n’avoir concédé que 20 secondes sur Arnaud. Merci mon super Ridley et mes roues Rar Even 50. Ca fuse !!
Je croise le 3ème sur un aller-retour à la fin de la première boucle, environ 2’30 derrière. C’est Vincent Morizot, et je savais qu’il et candidat sérieux pour le podium et la victoire. Stéphane Garcia, qui commentait la course sur une moto, m’avait annoncé plus tôt qu’il était 2’ derrière, l’écart grandit, je roule plus vite, c’est une bonne nouvelle.

La deuxième montée de la côte de Saint Laurent est encore plus incroyable que la première. Un monde et une ambiance digne de la montée de l’Alpe d’Huez lors du Tour de France. Je ne m’entends plus respirer, je vois que le capteur affiche 450 watts dans toute la montée, mais je n’ai même pas mal aux jambes, mon corps est complètement porté par le monde qui m’entoure. Pendant un cours instant je me prends à imaginer ce que doit vivre un Romain Bardet ou Thibaut Pinot sur une épreuve de montagne lors d’un grand tour, les émotions qu’ils ressentent. J’arrive tout de même à apercevoir mes parents et la Team Coca sur le bord de la route. Sans voir Arnaud quelques centaines de mètres devant, ça devient beaucoup plus dur d’écraser les pédales, et je commence à avoir peur de 1) finir en hypo pour avoir trop donné sur le premier tour, 2) me mettre dans un faux rythme et poser avec 3’ de retard.

Finalement l’écart restera stable vers les 50 secondes, jusqu’au kilomètre 60. C’est à ce moment-là que je me rends compte qu’il me manque mes deux derniers gels dans la poche dorsale de ma trifonction Kiwami. Ils ont dû tomber lorsque j’ai pris les premiers… Il va falloir serrer les dents sur la fin du partie vélo et gérer l’effort pour ne pas finir en hypoglycémie avant d’avoir commencé le semi-marathon. J’appuie donc un peu moins fort sur les pédales, un peu par choix, et un peu forcé, ça commence à être dur sans apports d’énergie compte tenu de ce que j’ai lâché comme efforts sur la première boucle du parcours
Je rentre finalement dans le parc avec 1’15 de retard sur Arnaud. 30 secondes de perdu en un peu plus de 10kms…. Mais c’était le tarif. Pour suivre il fallait être à fond, pas le droit d’avoir une baisse de régime.
Je pense que je n’ai jamais été aussi content de rentrer dans le parc à vélo en 2nde position. Malgré mon petit épisode sans gels sur la fin du vélo, tout se déroule à merveille jusqu’à maintenant. J’ai résisté comme j’ai pu à Arnaud sur le vélo et je pose suffisamment prêt pour espérer revenir « rapidement ». Si on m’avait dit que je poserai un jour à 1’15 d’Arnaud sur un parcours comme Deauville j’aurai signé direct !

L’année dernière on avait couru quasiment le même temps. Avec sa blessure au genou, je me pense capable de courir 2’ plus vite que lui, mais il va falloir s’accrocher. Enfilage express de mes chaussures avec les lacets Unchain.
Je fais le choix de partir sans chaussettes pour grapiller dix secondes. Ça fera toujours ça de moins à récupérer en course à pied. Je récupère un gel que j’avais laissé pour la partie course, ma montre et c’est parti. Je pars au feeling sans trop regarder l’allure, en me concentrant sur ma foulée, mon relâchement car je sens que j’ai le dos un peu tendu.
Au bout de 2 kilomètres, j’ai très mal au pied. J’aperçois un peu de rouge sur le bout de ma chaussure droite et je comprends que j’ai déjà les pieds en sang. Pieds ouverts, ampoules, ongle incarné, je ne sais pas, mais ça saigne et ça fait mal. Mes chaussures sont mouillées car je les ai laissées sous la combinaison lors de la première transition. Sans chaussette dans ces chaussures mouillées (Nike Zoom Fly Flyknit), mon pied glisse à chaque relance, et les coutures me lacèrent les chevilles… J’essaye de ne pas y penser, et de me concentrer sur le reste.
Je croise plusieurs fois Arnaud et l’écart se réduit tout doucement lors des premiers kilomètres. J’essaye de me concentrer sur mon rythme sans me soucier des écarts que l’on me donne, afin de ne pas vouloir rentrer « trop vite », et le payer sur la fin de la course. Il m’a manqué 2 gels énergétiques à vélo, je vais forcément le payer à un moment de la course à pied.
J’ai encore 50 secondes de retard à la fin du premier tour donc à peine 20 secondes de reprises, je me force à me dire qu’il ne va pas tenir et forcément craquer à un moment… on court vite quand même, plus de 17kmh !! 50 secondes sur 15kms… Si on continue de courir comme ça, ça va se régler au sprint sur la finish line. Je continue sur mon tempo, l’écart continue de descendre doucement lors de la seconde boucle.
J’ai quelques crampes qui m’obligent à m’arrêter et me masser un peu les adducteurs au ravitaillement, plus par prévention qu’autre chose. Je préfère perdre 10 secondes maintenant que quelques minutes plus tard.
A peine 30 secondes de retard au bout de 2 tours, (sur 4) avec un passage au 10km en 35’15, 3’31/k de moyenne pour l’instant, avec un parcours rempli de relance et 2 passages sur le sable, qui casse bien le rythme et les jambes. Je me pensais capable de courir vers les 3’30/km sur un parcours roulant sur Half-Ironman, mais je n’avais pas encore eu l’occasion de me tester cette année.
Arnaud commence à coincer, et en 3 kilomètres, je reprends presque autant de temps que lors des 10 premiers kilomètres. Je passe en tête, et j’essaye de conserver mon rythme pour creuser l’écart rapidement. 40 secondes d’avance à la fin de la 3ème boucle, ça sera suffisant pour gérer la fin de la course, et profiter pleinement de la ligne d’arrivée !!

Quelques minutes plus tard Charlène passe la ligne d’arrivée en seconde position !! La journée parfaite !

Pour les chiffres :
Natation en 26’ et des poussières, dans une mer houleuse. Swim Fast in Swift.
Vélo : 2h10’06 pour 82,4kms et 1100m de D+ (38kmh Avg). 312W AP / 330W NP… Et juste 1’ de perdu sur Arnaud (surement ma plus grande victoire du jour).
Run : Premier 10km en 35’15, passage au semi en 1h17’, chrono final 1’18’30 pour 21,5km (3’40/k avg).

C’est ma prestation sportive la plus aboutie aujourd’hui, toujours pas parfaite, mais complète ! Parfois on s’entraine, on doute, on ne voit pas les résultats en course de l’investissement à l’entrainement. Parfois tout se passe presque parfaitement, on fait les bons choix, on a les bonnes jambes, le bon matériel, et on se surprend soit même.