Triath’Long U Côte de Beauté : compte rendu de course

Triath’Long U Côte de Beauté : compte rendu de course

Embrunman Triathlon : Compte rendu de course Vous lisez Triath’Long U Côte de Beauté : compte rendu de course 16 minutes Suivant VentouxMan 2019 : compte rendu de course.

CR du Triath’Long U Côte de Beauté qui s’est déroulé à Royan le 7 septembre dernier.

Ce half il est au programme depuis le triathlon de Deauville. Organisé par Stéphane Garcia, je savais que le spectacle serait au rendez-vous, avec une ambiance de feu, la « patte de Steph ». J’y allais aussi car chaque année, à Royan il y a un plateau d’athlètes pro qui ressemble à une allure de championnat de France, et la plupart des grands noms du triathlon Français sont montés sur le podium de cette course, Cyril Viennot, Romain Guillaume, Sébastien Fraysse, Sylvain Sudrie, et quelques autres, bref. Courir à Royan c’est la garantie d’une belle bagarre pendant 4h, ou le top 5 n’est jamais acquis.
C’est aussi l’occasion de courir sur un parcours plat, entièrement fermé à la circulation. Ce dernier point est suffisamment rare pour être souligné. Parcours plat, mais pas facile pour autant, quelques bons « coups de cul » casse pattes, et du vent sont au rendez-vous pour être sûr de faire bruler les cuisses. Le parcours à pied à l’image du parcours vélo ne propose pas vraiment de répit mais est un régal pour les yeux.

Concernant l’état de forme, c’était la grande inconnue. Je n’ai, jusqu’à Embrun, jamais couru un Ironman à 100%, et donc jamais eu à gérer la récupération qui suit.
Post Embrun, j’ai pris 10 jours de récupération complète, Aucun entrainement à part 1H de vélotaf par jour pour me rendre au boulot et rentrer le soir, et 30minutes de natation en mer le midi, plus pour profiter du soleil que pour travailler mon coup de bras.
J’ai ensuite pu refaire 10 jours d’entrainement, sans intensité, juste remettre un peu de volume et remettre le corps en marche, rouler un peu sur le plat pour se réhabituer à la position aéro. Rien de très cadré, et surtout adapté de façon quotidienne selon la fatigue de la journée. J’ai bien essayé de remettre de l’intensité un samedi matin mais j’ai fait un joli pop corn au bout de 15’, bref, il fallait y aller molo.
Les 3 derniers jours avant Royan auront été un peu plus light, pour ne pas arriver complètement fatigué sur la course. A défaut d’avoir du rythme et de la vitesse j’espérais au moins avoir la caisse pour ne pas flancher sur la fin de course.
Je me savais brider dans chacune des disciplines, incapable de pouvoir passer la seconde, et d’aller au-delà de mon seuil pour accélérer lorsqu’il le fallait. Il faudra le prendre en compte dans la stratégie de course et jouer la patience.

Arrivée la veille de la course en avion avec Charlène à Bordeaux puis 2h de voiture pour rejoindre Royan. McDo sur la route, on avait vraiment faim, car non ce n’est pas proscrit par le règlement. Repérage en voiture du parcours vélo. 2 boucles de 46kms en aller-retour. Le retour vent de face. Ça va aller vite, mais ça va être une course d’usure, les 20 derniers seront surement décisifs.
Quelques huitres accompagnées d’autres crustacés au diner, le tout baigné dans un bon vin de Bordeaux, il faut faire honneur à la région ! C’est kit ou double ! Les huitres c’est très bon d’un point de vue nutritif, mais si tu tombes sur une qui n’est pas fraiche ça peut faire tout drôle le lendemain.
Réveil pas trop matinal pour un départ de course à midi.
On rejoint le parc à vélo sous un petit crachin, ça casse un peu le charme, mais ça devrait s’arrêter. Le temps de s’habiller, de mettre un pied dans l’eau, elle n’est pas chaude, on se place sur la ligne de départ. La petite pluie s’est arrêtée pour faire place à un beau soleil. Tout est en place pour une belle bagarre. Cette année encore, il y a un niveau de dingue : Sébastien Fraysse, double champion de France, Kévin Maurel, Gwen Ouilleres, Valentin Rouvier, Hervé Faure, Guillaume Belgy, Antoine Méchin et Manuel Kung, un suisse avec un joli palmarès sur le circuit Ironman 70.3, multiples victoire et podium.

Début de la natation au Triath’Long U Côte de Beauté

Départ sur la plage, une cinquentaine de mètres à courir avant de rentrer dans l’eau et de partir pour une longue boucle de 1,9km.
Top départ, comme d’habitude j’ai l’impression que tout le monde part plus vite que moi.
Ca part fort et je sais déjà qu’il y aura au moins deux hommes en tête que je ne verrai pas de la natation, Seb Fraysse et Manu Kung.
Je suis à côté de Gwen, et j’espère pouvoir nager avec lui comme à l’Alpe et Embrun.
Je reste à ses côtés pendant 50m, puis je m’aperçois que juste devant il y a un petit groupe de 4 nageurs, je reconnais Kévin Maurel et Valentin Rouvier, je devine que le 3ème est Baptiste Neveu, et il reste un inconnu. Ce petit groupe est juste 10m devant moi. Je vois l’opportunité unique d’aller prendre les pieds de Kévin, chose qui ne m’est jamais arrivé de près ou de loin depuis que je fais du triathlon. Au Trigames en Mai dernier j’avais pris 2’30 dans la vue par Kévin, et l’année dernière près de 3’. Là il est juste devant, je sais que la course va se décanter par l’avant et je me dis que c’est peut-être le bon paquet. Kévin et Valentin ce sont 2 références à vélo sur ce type de parcours ou il faut être très bon rouleur et sortir des gros watts. Je fais donc l’effort pour rentrer sur ce petit groupe, et au bout de 100m c’est chose faite.
J’arrive à rester en queue de ce groupe, en étant parfois confortable, parfois inconfortable, mais ça tient. Arrive alors la première bouée qui annonce un virage à 90 degrés. Notre petit groupe fait l’élastique. L’élastique se tend. Le nageur devant moi (l’inconnu du groupe) laisse quelques centimètres avec le nageur devant lui… 100m plus loin, nouvelle bouée, nouveau virage à 90 degrés à droite. L’élastique se tend encore, le nageur devant moi passe la bouée. Les centimètres deviennent vite un mètre, puis 2… L’élastique a cassé. J’hésité un instant entre essayer de dépasser pour faire la jonction au prix d’un effort supplémentaire et d’une cartouche de grillée, ou accepter le fait que je me suis fait piéger et attendre jusqu’à la fin de la natation en priant pour que cette petite cassure ne devienne pas un boulevard.
Je vois le petit groupe partir petit à petit devant, le groupe de tête étant lui déjà loin devant depuis un moment… On se rapproche de la plage et je vois les quelques nageurs qui nous ont lâché sortir de l’eau, j’essaye de mesurer dans ma tête l’écart qu’ils ont creusé et je l’évalue sur le moment à une petite minute (en réalité 45 secondes). Arrive enfin la sortie de l’eau. Mon poisson pilote enlève le haut de sa combinaison et je le reconnais tout de suite, Thomas Marin. Je le connais bien pour l’avoir déjà croisé sur certaines courses, et je sais que c’est un bon nageur, ce n’est donc pas une surprise. A ce moment-là j’ai détesté Thomas d’avoir laissé partir le groupe, mais je me suis aussi détesté d’avoir été passif plutôt que de prendre les choses en main quand il aurait fallu le faire, et d’être resté en queue de groupe plutôt que d’essayer de me placer à l’approche des bouées. J’apprends encore dans l’eau le positionnement, on essayera de faire mieux la prochaine fois. 45 secondes de retard sur Kévin Maurel ça reste quand même ce que j’ai fait de mieux sur Half en natation, et surtout je sors devant des athlètes comme Gwen ou Arthur Horseau (3ème au 70.3 des Sables d’Olonne).

Début de la section vélo

Transition pourrie. Appelons un chat un chat. Je n’arrive pas à enfiler le haut de ma trifonction avec mes doigts engourdis, j’arrive à mon vélo je suis toujours torse nu avec mes lunettes et mon bonnet sur la tête… Bref catastrophique. Je n’ai même pas essayé de calculer le temps perdu, ça me fait peur rien que d’y penser.
Je monte enfin sur mon vélo et c’est parti pour 93kms. Les jambes tournent tout de suite bien ce qui fait plaisir. La première partie de l’aller-retour est vent de dos, et la première partie de l’aller (donc le premier quart de la boucle, les 10 premiers kilomètres), sont les plus casse-pattes. Je me cale sur mon allure, 330/340W sur les parties plates, un peu plus dans les bosses en espérant pouvoir revenir un peu sur la tête de course. Au demi-tour je peux enfin prendre les écarts sur ce qu’il se passe devant et derrière. Devant, seul en tête Manuel Kung. Enfin seul, accompagné de 2 motos. Retour vent de 3/4 face, c’est sûr qu’on ne le reverra pas avant T2. Il a une minute d’avance sur Sébastien Fraysse, puis arrive Kévin Maurel 30 secondes derrière, Valentin Rouvier et un autre athlète que je ne vais pas tarder à dépasser. Je suis à 3’ de Manuel, et 2’ de Sébastien. Je pense avoir rouler un peu comme Seb sur la première partie du parcours, ce qui voudrais dire que j’ai perdu 2’ dans l’eau, ce qui me semble logique, (en réalité 2’30), ça veut donc dire que j’ai perdu 1’ en 23km sur l’Homme de tête, et pourtant je n’ai pas chômé… Ca pique. J’entame le retour, je peux alors voir ce qu’il se passe derrière. Arthur Horseau est tout seul 45 secondes derrière moi, puis 30 secondes derrière un joli paquet d’athlètes, plus ou moins réglo, 10m ça doit vraiment être dur à visualiser pour certains, ou c’est peut-être leur côté grégaire qui les poussent à se rapprocher de l’athlète de devant… Dans ce paquet, tous les autres favoris sont là dont quelques très bons coureurs.
Je continue mon effort solitaire, prochain check point au prochain demi-tour dans 23kms. Je rattrape rapidement Valentin Rouvier, je suis alors 4ème virtuel de la course, J’arrive à tenir ma zone de confort, vers les 330W, et je suis ravi dès qu’une petite bosse se présente devant moi pour me relever un peu et faire travailler mes jambes différemment. Il y a un bon vent sur le retour, et toute mon attention est concentrée sur le fait d’être le plus aéro possible. Je croise Charlène qui a l’air bien posée sur son petit vélo de chrono, et qui m’a l’air plutôt bien positionné dans la course féminine à ce moment-là ! Ca fait du bien au moral !
Arrive la fin de la première boucle. L’écart avec Manuel a encore un peu grandi, de quelques secondes. Sans surprise, avec les motos devant c’est logique. Ce n’est pas de la triche c’est un fait de course. Il y a un live vidéos, donc des motos sur un parcours aussi roulant et avec du vent, c’est un avantage gratuit et dans les règles pour celui qui est devant. Pour len bénéficier, il faut juste nager plus vite et sortir avec le groupe de tête. Un jour peut être… Quand le cachalot se sera transformé en dauphin… Kévin est rentré sur Sébastien. Ils sont 2 maintenant 2’ devant moi, ça ne fait pas trop mon affaire. L’écart avec Arthur derrière moi n’a pas bougé. Par contre nous avons creusé un peu l’écart sur le paquet derrière.
Les jambes répondent toujours bien, et même si ça chauffe dans le cuissot, je sens que j’ai encore la capacité de tenir ce rythme très longtemps. L’aller de la deuxième boucle se passe sans encombre, j’essaye de ne pas trop en mettre pour en garder sur le dernier retour, car je pense à ce moment-là qu’il y a peut-être moyen de faire de gros écarts sur les 23 derniers kilomètres. Arrivée au demi-tour, je vois que je ne suis plus qu’à 1’ de Seb et Kevin. En entamant le dernier retour, j’arrive à les avoir en visuel. Je me fixe comme objectif de revenir sur eux avant T2. Afin d’être dans le match pour le podium. Je me surprends à être capable d’en remettre une couche sur les pédales et de tenir la même allure que lors du premier retour. Je rentre sur eux à 10km de la fin du parcours vélo, juste avant d’attaquer une petite bosse. Je me sais meilleur grimpeur alors je n’hésite pas, je grimpe vite. Si je peux avoir 30 secondes d’avance à T2 ça ne sera pas de trop. Je connais les talents à pieds de ces 2 athlètes. Pendant 2’ j’ai une moto qui reste avec moi pour faire quelques images. Elle est placée à gauche, un peu devant, à environ 10m. Les watts chutent significativement, 15 de moins à vitesse égale. C’est donc logique que Manuel ait continuer à creuser l’écart. Il va vraiment falloir penser à apprendre à nager vite pour bénéficier de la dynamique de course.
Je pose finalement le vélo 2ème, à 4’15 de Manuel, 1’30 de perdu à vélo. 90 secondes sur 90km ça fait une seconde au kilomètre, c’est peanuts et surtout ça reste correct 3 semaines après Embrun, et avec une bonne minute d’avance sur Seb et Kévin, qui ont légèrement explosé en plein vol sur la fin du parcours vélo, comme prévu le dernier retour allait faire des dégats.
Pour les data lovers, 93kms, 2h15, 315W AP, 323W NP. (322W sur la première boucle, 311 sur la seconde).

Début de la course pied

T2 efficace mais sans plus. La sortie du parc se fait directement dans le sable, histoire de faire chauffer les mollets d’entrée.
Le parcours de 22km est en 2 boucles, en aller-retour, avec pour chaque boucle 5 passages dans le sable et une bosse d’une centaine de mètres à 20%. Tout ça avec du vent, bref ça casse les pattes.
Le début du parcours s’effectue vent de dos, j’essaie de me caler au cardio sur une allure un peu conservatrice, car je sais que je manque de rythme à pied. 160 pulses, soit 10 de moins que l’allure cible habituelle, la longue portion de digue de 1,5km est avalée à 3’25/k, merci le vent. Passage du 5km en 18 minutes tout pile (3’36/k), malgré 3 passages dans le sable et le petit raidar à 20%. Je suis à l’aise sur cette allure, mais je comme à vélo, je sens que je n’ai pas la capacité d’accélérer. Au demi-tour de la première boucle je croise Manuel en tête et me rends compte que l’écart n’a absolument pas bougé, toujours 4 bonnes minutes. Derrière je vois que l’écart est d’environ 1’30 sur Kévin et un peu plus sur Seb, il ne va pas falloir s’endormir. Je continue sur ce rythme pour finir la première boucle. Le retour vent de face donne l’impression de ne pas avancer, et je m’arrête à tous les ravitaillements pour m’hydrater. Même si il ne fait pas très chaud, une vingtaine de degrés, le vent assèche énormément. Fin du premier tour, écart toujours constant, et j’ai creusé un peu sur mes poursuivants. Je sais que je ne reverrai pas Manuel, on ne récupère pas 4 minutes sur 10km sauf grosse défaillance, et vue son allure il n’avait pas franchement l’air défaillant ! 2’ d’avance sur Kévin. J’ai gagné 30 secondes en 5km. C’est qu’il ne doit pas être au mieux, et derrière personne ne s’est rapproché. Je peux me permettre de gérer un peu pour créer le moins de fatigue possible et ainsi arriver le plus frais possible au Ventouxman le week-end suivant. Je sais que c’est dans les 7 derniers kilomètres que sont fait la plus grande majorité des déchets musculaires sur ce genre d’effort, et courir à 95% de mon max ou à 90% ça change tout pour récupérer après la course, mais finir à 4 minutes ou à 6 minutes du premier ça ne change rien pour moi. Donc je lève le pied. Mise en place d’un petit plan de course afin de garder quand même un peu de marge, je cours les parties roulantes sur le bitume avec un bon tempo, environ 3’40/k, sachant que c’est une allure qui ne me demande pas bcp d’effort sur ce revêtement, et je gère au maximum les bosses et les parties dans le sable pour solliciter au minimum mes ischios, mes mollets et mes quadriceps. Arrivée au dernier demi-tour, l’écart est toujours de 2’, il reste à peine 6kms. Ca me donne une marge de 20 secondes au kilomètre. Je me permets de lever encore le pied, de bien boire au ravitaillement, et de ne pas trop en faire.

2ème sur cette finishline enflammée, loin de la gagne, mais peu importe, j’aurai signé pour ce résultat direct après Embrun. Je ne pouvais pas faire mieux aujourd’hui et Manuel était juste le plus fort, de début à la fin de la course.